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ENTRETIEN DE TRUFFIÈRES
 
La conduite d'une truffière est tout à fait à part de ce que l'on peut connaître dans le monde de l'arboriculture fruitière. En effet, dans le cas de la truffe, nous avons à prendre en compte à la fois le support végétal (système aérien) et le champignon, la truffe, (système souterrain) avec lequel il vit en symbiose et qui va porter le fruit de la récolte. Toute intervention culturale devra être raisonnée en fonction de ces 2 éléments, de leur stade végétatif, de l'environnement dans lequel ils se trouvent, et essentiellement du sol. Nous distinguerons dans la vie d'une truffière 3 étapes: 

I. PHASE D'INSTALLATION DU JEUNE PLANT (1 A 3 ANS)

L'essentiel est d'assurer une bonne reprise des plants tout au long de l'année qui suit la plantation; c'est un gage de bon développement des arbres les années suivantes. En fait, ce que l'on attend d'un plant pendant cette phase, c'est qu'il produise le maximum de radicelles possible car c'est sur les radicelles que l'on trouve les mycorhizes. Pour les obtenir, l'environnement immédiat du plant devra être aéré (sarclage), dégagé de concurrents herbacés (désherbage manuel), humidifié (arrosage manuel ou à l'aide de goutteurs), les arbres taillés, et sains sur le plan phytosanitaire.

L'ENTRETIEN DU SOL
 
Entre les rangs : utiliser de préférence un outil à dents (cultivateur ou vibroculteur) pour un travail très superficiel. Sur les lignes : désherbage manuel au pied du plant. Autour du plant : désherbage chimique possible au glyphosate (exemple : Roundup, Azural) en protégeant le plant des projections.

L'ARROSAGE du jeune plant de 1 à 3 ans.
La truffe est xérothermophile : c'est-à-dire qu'elle apprécie et la sécheresse et la chaleur : un excès d'eau est plus nocif qu'un manque d'eau. L'objectif est de maintenir la fraîcheur autour de la motte sans apport excessif. Pendant le stade de végétation du plant, au cours du repos végétatif hivernal, le besoin en eau du plant est nul. A la plantation, l'arrosage a pour objet de rasseoir le terrain et de faire disparaître les poches d'air autour de la motte: 3 litres d'eau / par plant suffisent. Au démarrage végétatif du printemps, le besoin en eau du plant est important dès le mois d'avril: 3 à 5 litres d'eau par plant, renouvelé tous les 10 à 20 jours durant la belle saison, en cas de sécheresse. Cet arrosage doit être reconduit les 2 ou 3 premières années de la vie du jeune plant truffier.

 
Elle intervient dès la 2ème année en février / mars (après les dernières gelées, avant le débourrement). La truffe a besoin d'un milieu dégagé et ensoleillé. On éliminera toute végétation excessive au pied des arbres, notamment les drageons afin de permettre un bon ensoleillement.

II. PHASE D'INSTALLATION DU CHAMPIGNON (4 A 7 ANS)

Elle intervient dès la 4ème année, lorsque les arbres sont eux-mêmes installés et que les brûlés commencent à apparaître : c'est la preuve de la bonne évolution de l'activité mycélienne : les truffes ne sont plus très loin !

Toutes les interventions doivent désormais être axées sur le cycle écologique de la truffe. Il ne sera plus question de travailler le sol ni de passer avec des engins lourds dans la truffière de fin mai (formation des truffettes) à août (grossissement des truffes) et jusqu'à la fin de la récolte mi-mars. 2 possibilités s'offrent au trufficulteur: soit poursuivre le travail intensif du sol, soit ne plus travailler le sol. Tout va dépendre en fait du terrain : le sol de la truffière doit être aéré. C'est une condition indispensable à la réussite de la culture. Si le sol est compact (cas des sols argileux), il y a bien peu de chances d'observer une production de truffes. Comme dans la 1ère phase, le travail du sol est réalisé à l'aide d'un cultivateur, très superficiellement, entre 5 et 10 cm de profondeur. Si on décide de ne plus travailler le sol, on maintiendra la végétation naturelle ou artificielle girobroyée pour limiter la concurrence herbacée avec les futures truffes.
 
Nous parlerons ici de micro-aspersion. Il s'agit de maintenir une certaine fraîcheur dans le sol pour aider la prolifération du mycélium et maintenir en activité les radicelles mycorhizées, voire la formation des premières truffettes au début de l'été. Le mycélium de Tuber Melanosporum est très résistant à la sécheresse. Heureusement pour la pérennité des sites naturels ou des parcelles sans arrosage, un excès d'eau est plus néfaste qu'un manque. A noter que l'excès d'irrigation peut aussi entraîner le développement de compétiteurs mycorhiziens ou d'autres espèces de truffes comme Tuber brumale. Il est préférable de mettre en place des mini-asperseurs qui arrosent toute la surface occupée par le système racinaire sans provoquer de tassement du sol. L'irrigation doit être gérée en fonction du type de sol de la truffière : en sol sableux, les risques d'asphyxie racinaire sont minimes, en sol argileux, ils sont importants. ''irrigation doit compenser le déficit hydrique. Si l'hiver a été particulièrement sec, il peut être nécessaire d'arroser dès le mois d'avril pour favoriser, dès les premiers réchauffements printaniers, le démarrage de l'activité mycélienne. En été, de la même façon, avec des fréquences plus ou moins rapprochées (2 à 3 fois / mois) selon le type de sol et des apports, on compensera l'insuffisance des pluies à raison de 20 à 30 mm à chaque intervention. Cela implique de bien connaître les caractéristiques de son sol et d'observer régulièrement l'état de sécheresse dans les 20 premiers centimètres, là où se situeront les futures truffes. Il est également nécessaire d'enregistrer la pluviométrie naturelle à l'aide d'un pluviomètre que l'on aura placé dans un endroit dégagé.
 
LE DÉSHERBAGE
Avec la truffe, nous préférons recommander d'être le plus écologique possible. D'autant plus qu'on ne recherche pas forcément que la truffière soit parfaitement propre. Autour des plants, les brûlés font leur travail de nettoyage; et dans l'inter rang la végétation peut ralentir une progression trop rapide du système racinaire.
 
LA FERTILISATION
Seule une analyse de sol renouvelée tous les 3 ans permet de suivre avec précision l'évolution des différents éléments chimiques et organiques dans le sol et de rectifier au besoin. Le technicien du laboratoire d'analyse donnera toutes les recommandations pour fertiliser ou améliorer le sol. N'oublions pas que la truffe devient indépendante de sa plante hôte quand elle se forme fin mai, début juin; elle a besoin de s'alimenter pour survivre et grossir jusqu'à l'hiver prochain.
 
Les jeunes plants ont été formés dès le départ; l'essentiel va consister ensuite à maintenir le bas des arbres bien dégagé et à faire en sorte que les branches latérales ne gagnent pas trop l'inter-rang. Les noisetiers, plus ardus à tailler, peuvent être menés sur plusieurs tiges à condition de toujours favoriser un bon ensoleillement du sol, gage d'un bon réchauffement printanier.
 
LES TRAITEMENTS PHYTOSANITAIRES
Au fur et à mesure que les arbres atteignent leur âge adulte, on a moins à se soucier d'un parasitisme peu important qui ne compromet pas la vie du végétal. Au contraire, parfois, lorsque les arbres poussent trop vite, ce parasitisme peut freiner leur développement excessif.

III. PHASE DE FRUCTIFICATION (PRODUCTION ET RÉCOLTE DES TRUFFES VERS LA 8e ANNÉE)

Vers la 8ème année, et peut-être avant avec du chêne vert ou du noisetier, la truffière commence à donner ses premières truffes. A ce moment-là, il faut plus penser à dresser son chien qu'à aller travailler sans arrêt dans sa plantation. Malgré tout, un entretien courant, selon la situation, doit être effectué. Un léger travail du sol surtout si le terrain s'est compacté. Les truffes seront plus grosses si le terrain est souple. Il est effectué avec les mêmes outils à dents, toujours à la même profondeur. L'époque d'intervention est fin mars, avril après la récolte des truffes et avant la naissance des prochaines fin mai. On contrôlera en même temps la végétation excessive (girobroyage, désherbage en localisation) pour ne pas concurrencer les truffes en formation.

Récolte de truffes noires

« Un été sans pluie donne un hiver sans truffes ». En cours de production, l'irrigation doit permettre à la fois d'obtenir un bon rendement de truffes et de maintenir en vie les mycorhizes. Il ne faut jamais oublier qu'un excès d'eau est aussi préjudiciable qu'un manque d'eau et qu'il risque de détruire définitivement une truffière. De la même façon qu'à l'installation du champignon, l'irrigation va être gérée en fonction de son cycle écologique mais aussi du type de sol de la truffière.

EN MAI ET JUIN
Au moment des naissances, selon l'état de sécheresse au printemps, un apport de 30 mm / mois en 2 ou 3 fois semble suffisant. On assure ainsi la naissance d'un maximum de truffettes.
Juillet semble moins important pour la truffe qui grossit peu. Malgré tout, si ce mois est caniculaire, une certaine humidité maintiendra en vie ces naissances : un paillage peut, à ce moment-là, être installé pour pallier les effets de la sécheresse et des à coups de température. Le moment crucial reste la 1ère quinzaine d'août lorsque la truffe entre dans une phase active de croissance et qu'elle multiplie son poids par 10 ou 15 passant de quelques milligrammes à quelques grammes. A ce moment-là, un apport de 60 mm d'eau en 2 ou 3 fois est vivement conseillé. Comme dit le proverbe « s'il pleut à la saint Roch (16 août), les truffes pousseront sur le roc ! ». L'arrière saison n'est pas non plus à négliger car en septembre / octobre, la truffe continue de grossir. 60 mm en 2-3 fois pour septembre et autour de 30 en octobre vont permettre d'assurer un bon calibre des truffes en terre. En novembre et décembre, les truffes entrent en phase de maturité à la faveur des premières gelées automnales; il faudra s'abstenir d'arroser au risque de geler les truffes. Le paillage à l'aide de branchages, de paille ou autres pourra là aussi limiter les dégâts de gel.
 
Toujours pratiquée en hiver, elle va éviter à la truffière de « se fermer » trop rapidement et à la production de décliner. En haute densité et en condition de culture intensive, il aura fallu tailler sévèrement tout au long de chaque étape, surtout le chêne pubescent.
 
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